La rumeur d’Orléans n’est pas un groupe de musique ou une énième campagne de communication coûteuse de la mairie mais un fait sociologique étonnant. Cette rumeur a été largement étudiée, elle a entre autre servi à comprendre la rumeur sur net…
La rumeur d’Orléans est le nom donné à une affaire à la fois judiciaire, médiatique et politique que retrace un ouvrage de commande, devenu célèbre .
La « rumeur d’Orléans » laissait entendre que les cabines d’essayage de plusieurs magasins de lingerie féminine d’Orléans, tenus par des juifs, étaient en fait des pièges pour les clientes, qui y aurait été endormies avec des seringues hypodermiques et enlevées pour être livrées à un réseau de prostitution(Cf. traite des Blanches) par les nombreux souterrains présents sous Orléans. Elle prit parfois un tour « canularesque » lorsqu’on prétendit que des clientes disparues étaient prises en charge par un sous-marin remontant la Loire. Cette version n’a été rapportée que par un seul témoin, mais recopiée dans presque toutes les études sur le sujet.
Aucun démenti, même officiel (signalant par exemple qu’aucune disparition suspecte n’a été répertoriée dans les environs par les services de police), n’a jamais réussi à mettre fin à la rumeur, les démentis alimentant la rumeur, qui a finalement cessé d’intéresser les médias, sans autre intervention que le temps et l’oubli.
Le rôle des médias dans la naissance et la diffusion de la « rumeur d’Orléans » est important : ainsi que le rapporte Edgar Morin, le « scénario » avait été publié un an auparavant dans un livre de poche (aux Presses de la cité), puis dans l’ouvrage d’un journaliste anglais (chez Albin Michel), puis enfin dans un magazine disparu depuis (Noir et blanc).
Tout bon orléanais dois avoir lu au moins une fois cet ouvrage… 😉
Enfin, la rumeur dite d’Orléans n’a pas circulé que dans cette ville. Ainsi que le retrace Pascal Froissart dans La rumeur. Histoire et fantasmes, elle a connu une très large diffusion : de 1959 à 1969, à Paris, Toulouse, Tours, Limoges, Douai, Rouen, Lille, Valenciennes ; en 1966 à Dinan et Laval ; en 1968 au Mans ; en 1969 à Orléans, Poitiers, Châtellerault, et Grenoble ; en 1970 à Amiens ; en 1971 à Strasbourg ; en 1974 à Chalon-sur-Saône ; en 1985 à Dijon et La Roche-sur-Yon ; en 1987, à Québec ; et en 1990, à Rome et à Montréal ; en 1992 en Corée… Aujourd’hui encore elle circule et ressurgit de temps à autre sur le Net, sous des versions toujours plus surprenantes
Le processus de diffusion de la rumeur on line est similaire. Celle-ci démarre souvent dans un forum de discussion. Rarement d’une personne isolée à une autre. Mais plutôt dans un groupe social bien déterminé, très intégré et comme coupé de la société plus large : les universités, les entreprises, etc. La rumeur part d’un groupe restreint. Pas d’un leader d’opinion défini à l’intérieur de celui-ci. Au départ la rumeur peut être une histoire anodine, diffusée en interne, essayée, améliorée, avant d’être diffusée plus largement vers l’extérieur.
En étudiant les rumeurs circulant par e-mails, on peut lire la liste des destinataires successifs du message. Et en observant leurs adresses, on constate que souvent, les premiers destinataires appartiennent par exemple à la même entreprise. Idem pour le groupe de destinataires suivant ; ensuite, les adresses deviennent plus disparates. De là on peut postuler que le premier groupe de destinataires est le groupe-source.
La rumeur circule donc d’abord en vase clos, avant de sortir sous une forme présentable, pour toucher un plus grand nombre de personnes. En fonction de sa crédibilité et de sa pertinence (en fait, du gain symbolique que son diffuseur reçoit), elle est reprise dans les emails entre particuliers. Qui ont l’impression d’avoir trouvé la perle rare et de faire, du coup, du prosélytisme sur un sujet important. Puis éventuellement, la rumeur contamine les sites Web?
(Source wikipedia, le livre d’Edgar Morin et celui de Heiderich )
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