Une lettre aux Socialistes qui va peut être réveiller notre parti et tout particulièrement les « responsables » socialistes.
Par Jacques Julliard
Chers socialistes, vous ne vous aimez pas. Voilà pour moi le fait majeur; celui qui, plus que la panne d’électricité intellectuelle, plus même que le défaut d’un leader incontesté, explique le doute qui plane aujourd’hui sur le PS et la difficulté qu’il a d’exister comme parti.
J’ai failli commencer cette lettre en vous donnant du «chers camarades». Et puis, non. Je ne puis vous appeler camarades puisque vous n’arrivez même pas à vous conduire en camarades. Je connais quelques-uns d’entre vous personnellement. Chacun a des qualités, des défauts, des manies, des amours, un musicien favori, des souvenirs d’enfance; parfois même un idéal. Un être humain en somme. Que l’on vous voie réunis et le cauchemar commence. Ce ne sont que coups tordus, allusions perfides, manoeuvres d’arrière-salle de bistrot. Et surtout la haine. Oui, la haine entre vous.
L’ambition aussi bien sûr, et cela est normal. Mais la haine ? Je scrute les visages, car c’est la chose la plus intéressante du monde. J’ai vu l’autre jour l’arrivée en groupe, à je ne sais quelle réunion fractionnelle, de ceux qui s’appellent, Dieu sait pourquoi, les reconstructeurs, puisqu’ils passent leur temps à démolir. Mais qu’importe ! Cela, c’est de la politique politicienne. Ce qui m’importe, c’est le reste. Les mimiques faussement détachées, les rictus derrière des airs d’impénétrable sérénité. Les plis du visage, ceux qu’impriment sans retour les nuits blanches des commissions de résolution, le scepticisme de bon ton, le cynisme, le mépris de l’autre, l’envie de tuer. Mais comment des êtres humains normaux peuvent-ils respirer et accepter volontairement de vivre dans des atmosphères aussi empoisonnées ? C’est pour moi un mystère.
Tenez, le cas Ségolène. Je n’avais pas d’affinités particulières avec elle, et pour la candidature présidentielle, j’inclinais au départ pour François Hollande. Mais après que vous l’ayez désignée, je me suis mis à la soutenir sans arrière-pensées. Pas vous ! Vous devriez avoir honte de la façon dont vous avez traité et dont vous traitez encore votre candidate. Avez- vous fait assez de gorges chaudes à propos de ses positions hostiles au nucléaire iranien, fût-il civil ? Lequel d’entre vous a-t-il reconnu qu’elle avait raison ? Quand elle déclare justement que la libération d’Ingrid Betancourt ne doit rien à la diplomatie française, vous faites cause commune avec toute la droite : décidément, cette effrontée ne sait pas se tenir. Quand elle dénonce en Nicolas Sarkozy le parti de l’argent, vous toussotez et regardez ailleurs. Quand, victime de trois effractions et mises à sac très suspectes, elle finit par s’interroger publiquement sur la mansuétude de la police, votre souci est de l’enfoncer. Des preuves ! On veut des preuves ! Avec des camarades comme vous, les aboyeurs professionnels de l’UMP peuvent partir en vacances.
Il faut croire qu’il y a dans ce bouillon de culture délétère de la Rue-de-Solferino quelque chose de contagieux, quand on voit à son tour Ségolène se déchaîner contre Jack Lang, coupable d’avoir voté selon ses convictions au Congrès de Versailles. Comment une femme comme elle, qui n’a pas craint de défier l’orthodoxie et la discipline de son parti à la veille du second tour de la présidentielle, en prenant langue avec François Bayrou, peut-elle se laisser aller à traiter Jack Lang de «traître», pour quelque chose d’infiniment moins grave ? Quelle imprudence ! Quelle inconséquence ! Quel alignement moral sur ses pires ennemis !
Continuez tous comme cela et la réélection de Sarkozy est assurée. Car enfin, s’il n’y a pas entre militants socialistes un minimum d’amitié, d’estime, de solidarité; s’il n’y a pas un peu de cette fibre fraternelle qui nous rend proches d’Eugène Varlin, de Jean Jaurès, de Pierre Mauroy, alors Manuel Valls a raison : il faut vite changer de nom; ce parti ne mérite plus de s’appeler socialiste. Au fait, je connais le jour où Ségolène Royal vous est devenue définitivement insupportable. C’était à Charléty, à la veille du premier tour de la présidentielle. Elle s’était écriée : «Aimons-nous les uns les autres !» Décidément, cette femme est folle, on vous l’avait dit.
Jacques Julliard
Le Nouvel Observateur
Décidément j’adore ce mec !
C’est aux militants de reprendre l’initiative tant il est sûr que « la haut » c’est la surchauffe permanente.
Venez débattre sur mon blog politique http://segoleneroyal2012.over-blog.fr/
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Cher Horza,
Courageux de ta part d’avoir publier cette lettre qui, d’ailleurs, s’adresse à tous les partis politiques.
Alors, j’ai aussi publié cette sans, bien sûr, oublier de te rendre hommage, Très Cher !
Affections démocrates !
Un mot oublié ! Où ai-je la tête ?
« Alors, j’ai aussi publié cette LETTRE sans, bien sûr, oublier de te rendre hommage, Très Cher ! »
« Mais comment des êtres humains normaux peuvent-ils respirer et accepter volontairement de vivre dans des atmosphères aussi empoisonnées ? C’est pour moi un mystère. ».
Je pense que le blogmaster , Horza, peut répondre à l’auteur en connaissance de cause et en lui disant que ce mystère s’appelle politique.
« atmosphères aussi empoisonnées ». Jean c’est de l’humanité dont tu parles. Les politiques n’en sont que le reflet…
BCT,
Heu… Quoique… Le monde politique bat les reccords et tous s’accordent à le dire. Dois-je comprendre que les militants sont comme ces carriéristes politiques qu’on connaît, ou, les chefs de bande sont aussi désintéressés que les militants ? Ca m’étonnerai… Le fossé entre les militants et les dirigeants existe hélas bel et bien !
Oui d’ailleurs je me pose la question sur mon avenir dans ce monde de brutes.
Nous, « les sérieux du Modem », on cherche des interlocuteurs sérieux à l’UMP et au PS parce que le vrai débat, on continue à s’y accrocher.
Alors restes encore un peu !…
Pour répondre a GABRIELLE, même au Modem il y a un fossé : les militants sont souvent beaucoup mieux que les dirigeants. Et les dirigeants sont souvent bien trop ambitieux par rapport aux militants.
Désolé mais je ne crois pas du tout a ce que je viens de te dire c’est juste pour te montrer que si tu le généralises aux autres partis on peut aussi bien le faire pour tout parti et là on arrive pas loin du TOUS POURRIS…
Les ambitieux il y en a une certaine quantité à tout les échelons et dans toute les fonctions, le problème c’est qu’à la tête d’un parti on les voit plus que dans le reste de la société.
Cher Jérôme,
Pour « tous pourris », il ne faut pas pousser mais, comme disait Fernand Reynaud « Ya comme un défaut ! ». Quoique si on va au bilan… exemple : dernier article économique de CDG sur son blog, ouille !!!
Le scénario que je me fais en politique est en gros le même que je me fais au boulot ou plutôt que ma hiérarchie me fait. Imaginez le même nombre de bévues et inepties qu’on peut entendre ici ou là au mépris de l’équipe. Devinez ce qu’il vous arrive ? Ben la porte est ouverte, direction l’ANPE !
Pour moi, le problème n’est pas l’ambition. Elle est légitime si elle rime avec obligation de moyens et, n’ayons pas peur de le dire, résultats. Là où ça coince c’est quand l’ambition ne rime à rien.
Pour revenir à votre conclusion pleine de lucidité : archi vrai ! Les pires travers ne sont pas forcément les plus visibles !
Le thème de l’ambition rejoint un peu ce que tu disais chez CDG. J’ai l’impression qu’on tourne autour du pot.
Quel est le schéma idéal et respectable, dans une société humaine, en prenant les mots :
Ambition, conviction, débat, réalisation, équipe, projet, et j’en oublie. Peut être désintéressements, abnégation, don, honnêteté …?
Oups…
Cher BCT, une prochaine RDB devient urgente vu ce sujet de fond qui manifestement nous préoccupe tous au premier plan.
Bon horza, au boulot ! organises nous un truc !
J’ai toujours des questions à la con…pardon.