» Tout le monde en parle mais cela reste une affaire d’initiés : petit guide pour suivre le prochain congrès du PS.
C’est un moment important dans la vie socialiste, puisqu’il détermine l’orientation politique du parti pour plusieurs années, et désigne évidemment les instances dirigeantes.
Le congrès peut être le lieu de l’unité, comme à Epinay où Mitterrand rassemble la famille socialiste sur une ligne d’union de la gauche. Il peut être aussi le théâtre de tous les déchirements, comme à Tours en 1920, où socialistes et communistes se séparent définitivement, ou à Rennes en 1990 où fabiusiens et jospinistes se livrent à une guerre fratricide. Certains congrès, comme celui de l’Arche 1991, permettent d’acter des évolutions idéologiques et politiques (en l’occurence, vers l’acceptation de l’économie de marché).
Le prochain congrès aura physiquement lieu dans quelques mois, du 7 au 9 novembre. Mais le processus dépasse de loin ces trois courtes journées, et le calendrier, voté lors du dernier Conseil National (le « parlement » du parti) débute dès aujourd’hui.
Ce congrès est un peu particulier car il sera précédé d’une Convention nationale qui adoptera de nouveaux statuts et une nouvelle Déclaration de principes pour le parti. Une commission est chargée de proposer des modifications des statuts (par exemple: sanctions plus lourdes en cas de non-respect de la discipline collective, relèvement du pourcentage exigé au congrès pour éviter la multiplication des « petites » motions…) afin d’obtenir un meilleur fonctionnement du PS. Une autre commission propose la modernisation de la Déclaration de principes, qui date de 1990, et ne colle plus tout à fait aux réalités économiques. Bref, la première commission réorganise le système des courants, tandis que la seconde est davantage un « club des poètes », qui réfléchit au corps doctrinal du parti. Les militants trancheront ces deux questions début juin.
Quant au congrès lui même, en voici le calendrier précis:
– début juillet: les sensibilités déposent des contributions générales (leur « vision » du ps et leur projet politique) ou thèmatiques (sur l’environnement, la diversité, l’emploi, etc…), qui sont envoyées chez chaque militant
– 22 septembre : les motions définitives (les textes généraux qui proposent des orientations politiques différentes) sont envoyées aux militants
– 23 octobre : les militants votent dans leur section locale et chaque département tient son congrès fédéral.
– du 7 au 9 novembre: les délégués désignés en fonction du résultat de chaque motion sont envoyés en congrès national pour fixer l’orientation du parti
– 13 novembre : vote sur le 1er secrétaire puis, le 15 novembre, le nouveau conseil national (composé à la proportionnelle des courants) désigne le Secrétariat National et le Bureau National, c’est à dire l’executif du parti.
Le congrès est un processus très long et compliqué, qui ne se résume absolument pas à la désignation d’un présidentiable ou d’un chef. Il doit permettre de fixer une orientation et un projet politique. «
Source Mehdi Ouraoui
Merci Baptiste pour ce calendrier récapitulatif du Congrès.
merci pour ce petit agenda, cher Baptiste.
Tiens tiens, j’avais d’ailleurs rédigé un article sur ce sujet vendredi sur mon nouveau blog, avec une analyse des forces en présence…
Je relève :
– « corps doctrinal du parti »
– « relèvement du pourcentage exigé au congrès pour éviter la multiplication des “petites” motions… »
Merci d’éclairer ma lanterne sur ces deux schmilblicks.
@ Gabrielle :
– La déclaration de principe (corps doctrinal) définit ce qu’est que le socialisme pour le PS. Il fixe les principes fondamentaux et les grandes valeurs. Ses évolutions sont souvent significatives de changements culturels au sein du PS (rapport au marxisme, au capitalisme, au marché, au régime etc…). Ces notions te semblent peut-être vagues et lointaines mais les définitions qui en sont données et la place qui leur est accordé témoigne de l’état d’esprit des socialistes face au monde du moment.
-Les « petites motions ». Lors de chaque congrès, les militants socialistes doivent se prononcer sur des textes proposés au vote. Concrètement, ils doivent voter pour l’une des motions proposés par des « courants » ou des personnalités. Le résultat du vote sur les motions définit la composition des instances du parti. Dans certains cas, des petits groupes de militants peuvent proposer des motions qui ne font alors que de tout petits scores (parfois moins de 1%) mais participent aux débats du congrès au même titre que les « grandes ». Limiter les petites motions, c’est un peu le même débat que les 500 signatures pour la présidentielle.
Espérant t’avoir un peu éclairé
Dino
Merci pour tes précisions Dino… au plaisir de te revoir…
Merci Dino,
Et si vous changiez ce mot : doctrine à conotation pas vraiment terrible qui me file toujours la chair de poule.
Nous, au Modem, on parle d’Ethique, tout simplement.