Santé
– Nicolas Sarkozy démontre la faiblesse de son discours sur les questions de santé. Il n’énonce aucun objectif sanitaires mais s’en tient à une approche comptable limité. Les franchises annoncées pour le PLFSS le sont dans le seul but de maîtriser les déficits alors que les précédentes mesures de ce type n’ont jamais atteint leur objectif (1 €, forfait hospitalier…). Elles contribuent à la santé à deux vitesses que le président dénoncera trois lignes plus tard.
– La « responsabilisation » de patients, qui sont pourtant soumis à un parcours de soin et qui sont les acteurs les plus mal informés du système, sera bien plus forte et injuste que les vagues intentions annoncées concernant la responsabilisation des professionnels de santé. Encore une fois, la santé n’est traitée que comme un marché, ignorant toute logique de prévention. Enfin, l’annonce d’un débat sur la répartition de la prise en charge des risques entre Assurance Maladie et complémentaires annonce la volonté de nouveaux transferts de charges vers les assurés sociaux. L’annonce du renforcement des aides à l’acquisition d’une complémentaire ne trompera personne : ces aides sont causes d’effets de seuils et maintiennent des populations entières sans protection. Particulièrement les jeunes qui sont 25 % à renoncer à des soins faute d’argent.
Retraite et régimes spéciaux
– Sarkozy ne se gène pas pour mentir en ce qui concerne le régime des retraites. Selon lui, la pénibilité au travail n’existerait plus et l’espérance de vie des bénéficiaires de régimes spéciaux seraient « égale voire supérieure » aux bénéficiaires des autres régimes. Les régimes spéciaux n’auraient plus de sens car les situations qui les justifiaient ne seraient plus valables aujourd’hui. Il y a là une contradiction avec son intervention précédente sur le sujet où il évoquait la nécessité de mieux prendre en compte toutes les situations de pénibilité.
– Le Président veut aligner les régimes spéciaux sur ceux de la fonction publique. Nicolas
Sarkozy choisit d’affaiblir toute velléité de protestation sociale en opposant les salariés entre eux , alors que se profile la phase de renégociation de la réforme de 2003 qui concernera l’ensemble des salariés. Nicolas Sarkozy s’attaque aux « privilèges » de personnes gagnant souvent moins de 2000 € par mois, alors qu’il vient d’offrir 13 milliards d’Euros de cadeaux aux plus riches…
Faiblesses
Nicolas Sarkozy évoque le chômage des jeunes mais ne propose aucune piste de travail en la matière. Ennuyeux alors que le niveau de chômage des jeunes est un des plus élevés. Quand Sarkozy propose de maintenir les seniors en activité, il n’offre en revanche aucun espace aux jeunes dans le monde du travail.
Le Président affirme sans sourcilier que le travail est la seule source de financement de la
protection sociale possible. Ni les stock options, ni les revenus du capital ne seront donc mis à contributions alors que le président prétend vouloir encourager le travail. Le financement de la protection sociale n’est pas assuré dans ces conditions. Nous suggérons plusieurs pistes à Nicolas Sarkozy : remise à plat des 25 Milliards d’euros annuels des exonérations de cotisations sociales, remise en cause du paquet fiscal, établissement d’une fiscalité sur les stock options (5 milliards d’Euros potentiels) et de nouvelles recettes comme une contribution sur la valeur ajoutée au sein de l’entreprise. On devine déjà les déclarations à l’avenir sur les trop grands déficits : qui veut noyer son chien l’accuse de la rage.
Le grand discours social du Président se limite à des annonces toujours plus dures avec les
faibles et faibles avec les forts en matière de politique sociale ; l’absence de politique
économique viable et la faiblesse de la croissance ne pourront être compensées par des
sanctions et l’affaiblissement de notre modèle de protection sociale. La droite qui dénonçait il y a quelques années un « traitement social » du chômage applique un traitement libéral aux chômeurs, qui n’aura aucun effet sur un niveau d’activité anémié par la faiblesse de l’investissement et de la consommation.
Sarkosy, …combien de jours, de mois encore ?