Avec ce titre provocateur, je souhaite passer un coup de gueule. 20 bouquins incendiaires et inquisiteurs sur la campagne présidentielle sont ou vont sortir en librairie. Qu’apportent-t-ils vraiment au débat ?
Ségolène Royal a perdu les présidentielles ? Pour ma part, je ne crois pas.
Loin de moi l’idée de contester les résultats en référence aux présidentielles américaines, mais bien de m’interroger sur la responsabilité de cette défaite.
On gagnerai ensemble, et la défaite serait personnelle ? La défaite n’est pas uniquement le fait de la capacité de tel ou tel candidat mais bien de notre programme voir nos pratiques durant cette campagne. Je ne dis pas que Ségolène est exentée de tout reproche. La défaite est collective, chacun à son niveau, et au sein du PS on doit le reconnaître pour pouvoir avancer. La cohésion voir même la discipline de parti (oui j’ose le dire) a fait défaut lors de cette campagne. Nulle doute qu’il est maintenant à la mode de critiquer la campagne présidentielle, mais une question me vient à l’esprit, tous ces donneurs de leçons, d’après guerre, pourquoi n’ont ils pas réagis plus tôt ? Le choix de recourir aux primaires n’était-il pas la meilleure solution si tardive soit elle ? Les militants (qui ont tous été un jour des nouveaux) sont aveugles et ne réfléchissent que par le prisme des médias ? Laissez moi en douter…
La rénovation de la gauche en général et du PS en particulier ne peut pas passer par une querelle de personnes. La réflexion doit porter sur nos valeurs, nos principes et notre structuration. En effet, le débat idéologique ne doit écarter une nécessaire réflexion sur l’organisation même du Parti Socialiste.
Le PS doit certes « ouvrir Portes et Fenêtres », mais également dresser la table autour de laquelle la gauche se retrouvera, où chacun trouvera sa place sans se replier dans une arrière cour.
La semaine prochaine, à l’approche de la désignation du Goncourt, on pourra lire un traité de crétinisme appliqué. On y parle de : « une personnalité qui n’a pas les qualités humaines ni les capacités politiques pour remettre le parti en ordre de marche » « ni espérer gagner la prochaine présidentielle ». ou encore : ” une erreur de casting, ” « une illusion qui ne doit pas se prolonger “.
et enfin : «une figure seconde de la vie publique», n’est «pas taillée pour le rôle».
A la lecture de ces jugements sévères, de cette description précise, j’en déduis qu’ils ne peuvent décrire que le perdant du 21 avril 2002, déjà candidat malheureux en 1995, 2 défaites au compteur. Mais mon attention est attirée par le nom de l’auteur, en petit sur la couverture : Lionel Jospin, retraité de la politique. Aurait-il publié un autoportrait ? ses mémoires de défaite ? une biographie ?
Hélas non, le retraité de l’Ile de Ré, qui n’aime plus la pêche aux coques, ni celle à la crevette, ” s’emmerde ” en quelque sorte, parce qu’on ne parle plus de son auguste personne et cela son Ego ne le supporte plus ! Alors pour apparaître en tête de gondole, il a sorti sa plume au vitriol pour traiter un sujet qui se vend : Ségolène Royale !
Mais Monsieur le Retraité, on n’a plus besoin de vous, 2 défaites ne vous donne pas le droit de juger !
Place aux jeunes ! La compétition pour figurer en tête de gondole des meilleurs pamphlets antiroyalistes a été lancée par Eric Besson, ( mais qui connaît Mme Royale ), suivi par Claude Allègre ( la Défaite en chantant), et Marie-Noëlle Lienemann ( Au revoir Royal)
Cette littérature de caniveau ne grandit pas ceux qui la produisent qui apparaissent plutôt comme des ” fouille-merde “, le comportement de quelques politiciens viellissants et aigris est loin de représenter le désir de rassemblement qui règne au parti et l’atmosphère laborieuse remarquée par tous à La Rochelle.
La force du parti réside dans ses militants, dans leurs choix, la règle essentielle est de respecter la démocratie. Ceux, à l’échelon national comme au niveau local, qui passent leur temps à dénigrer dans les médias les choix démocratiques, ou à rejeter la responsabilité des défaites sur le (ou la) candidat(e) ne se rendent pas compte qu’ils jouent contre leur camp, contre eux-mêmes.
Imaginez qu’un cadre d’un constructeur automobile se rende dans les médias pour critiquer le dernier modèle de la marque, qu’arriverait-il de lui ?
la porte !
Croyez-vous que tout n’est qu’allégresse au Gouvernement, que tout marche comme sur des roulettes dans la section UMP de Saint-Quentin, que tous les adhérents adorent Xavier Bertrand ?
Si vous le pensez, détrompez-vous, la différence est que les dissensions n’apparaissent pas dans les médias, question d’intelligence !
Tout est dit…
Ce que vous (Horza et PS ile de Ré) reprochez à ceux qui écrivent contre S Royal, vous faites pareil pour L Jospin. Ce qui s’applique à l’un ne s’applique pas à l’autre ??? Ou à aucun ???
Sinon, Horza, en lisant tes 2 entêtes de chapitre, je m’aperçois qui tu as tout compris à la « politique politiquement correcte »…
Ben, nous, on n’a pas volé dans les plumes de Bayrou, au contraire, on l’encourage encore plus…
Jospin c’est le pirate dans Astérix qui se saborde !
Enfin un saine réaction.
Tournons nous vers l’avenir et laissons les aigris ressasser.
Pour finir avec Jospin. Un jour sa femme (Silviane Agasinski), pendant les élections présidentielles, était interrogée sur Canal +. C’est pendant cet interview que j’ai vu l’assassinat de Ségolène se construire. Pas de phrases dures mais des silences et une haine à découper au couteau.
Bien sûr son sort était réglé bien avant., mais une haine pareille je n’avais vu ça que dans le camp adverse.
Prenons acte que cela s’est passé. Ne soyons pas dupes, il y aura d’autres phénomènes « Jospin » mais aujourd’hui partons ensemble pour redire ce en quoi nous croyons très fort, ce qu’est un humaniste et définissons ensemble les lignes de notre action. C’est simple comme ça à dire mais je crois qu’il faut affirmer clairement ce que nous sommes. Nos valeurs, sur quels sujets nous ne transigerons pas et quels sujets nous devons nous réapproprier.
Question humanisme et valeurs, je sais que ça a super bien bossé à Seignosse.
Eh ben voilà ! On y arrive tout doucement. Encore un petit effort et hop….
Comme j’ai pu le dire à la radio, j’ai du respect pour Lionel Jospin. Dernier premier ministre d’une très longue cohabitation (5 ans), il a été durement sanctionné malgré une bonne politique que je regrette.
Néanmoins, il a pris une décision le 21 avril au soir qu était une marque de courage et de lucidité rare en politique : se retirer.
D’autres font d’autres choix en cas de défaite qui sont tout aussi respectables : se battre, continuer à défendre ses idées dans l’opposition, essayer de revenir.
C’est ce qu’ont fait avec courage Mitterrand en 1974 ou, localement, Sueur en 2001 : refuser de baisser les bras.
Mais la défaite de Jospin en 2002 n’était pas une défaite « classique » d’opposition gauche/droite (comme celle-là même qu’il avait vécue 7 ans plus tôt en 1995). Donc sa décision semblait prendre toute la mesure et l’ampleur de l’événement -avec le petit aspect de dramatisation qui sied à ‘affaire.
« L’éternel retour » auquel on assiste depuis -et dont « l’Impasse » n’est qu’un énième avatar- ne grandit pas son auteur. C’est assez pitoyable de sortir de sa retraite pour systématiquement se tromper d’ennemi de la sorte. Il ne faut pas oublier que ce sont les idées de Le Pen (phagocytées aujourd’hui par Sarkozy) qui sont passées devant Jospin.
Taper sur ses successeurs comme il le fait, sans se dire qu’une partie des difficultés de Mme Royal résulte directement de « l’héritage Jospin », c’est manquer d’une grande lucidité.
Le « geste gaullien » de Jospin en 2002 (référence au départ de De Gaulle en 1969) est anihilé par son attitude aigrie et détestable.